MOYEN-ORIENT
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Fatima Hassouna: sélectionnée pour le Festival de Cannes, la veille de son assassinat par Israël…
Moins de 24 heures après la sélection à Cannes du film qu’elle incarnait, la photojournaliste palestinienne, Fatima Hassouna, a été tuée avec dix membres de sa famille dans une frappe israélienne.
Fatima Hassouna: sélectionnée pour le Festival de Cannes, la veille de son assassinat par Israël…
Depuis le début de la guerre, Fatima captait les instants du quotidien dans l’enclave meurtrie par plus d’une année de guerre israélienne : les destructions, les deuils, les déplacements, mais aussi les gestes de solidarité et les jeux des enfants au milieu des ruines. / TRT Français
17 avril 2025

Le 16 avril 2025, une frappe israélienne a détruit une maison du quartier d’Al-Touffah, au nord de Gaza.

Parmi les victimes, une jeune femme de 25 ans, Fatima Hassouna. Photojournaliste, chroniqueuse du quotidien, activiste de la mémoire et de la résilience, elle a péri aux côtés de dix membres de sa famille.

Une disparition qui fait écho à celle de centaines de journalistes palestiniens tués depuis le début de l’offensive meurtrière d’Israël sur la bande de Gaza.

Mais Fatima n’était pas une victime anonyme : son regard sur le monde, son engagement et sa voix en faisaient un symbole de la jeunesse gazaouie déterminée à témoigner, coûte que coûte. Elle avait fait du journalisme un acte de résistance.

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Sélectionnée la veille de son assassinat

Depuis le début de la guerre, elle captait les instants du quotidien dans l’enclave meurtrie par plus d’une année de guerre israélienne : les destructions, les deuils, les déplacements, mais aussi les gestes de solidarité et les jeux des enfants au milieu des ruines.

Dans un territoire où les journalistes étrangers ne peuvent pénétrer, sa caméra était une fenêtre sur l’invisible. Chaque cliché, chaque séquence vidéo qu’elle publiait en ligne devenait un témoignage précieux, une archive vivante de la tragédie humaine en cours.

Elle collaborait ponctuellement avec des médias étrangers, envoyant images et vidéos malgré les coupures d’électricité, les pannes de réseau et les risques d’être prise pour cible.

Cette voix, la réalisatrice franco-iranienne Sepideh Farsi l’avait repérée et choisie pour devenir le cœur de son prochain documentaire : “Put Your Soul on Your Hand and Walk”.

Le film, nourri par près d’un an d’échanges avec la jeune photojournaliste, devait être présenté au Festival de Cannes 2025 dans le cadre de la sélection de l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion).

La sélection avait été annoncée la veille de l’assassinat de Fatima. Sepideh Farsi raconte une relation de confiance, faite de messages écrits, de notes vocales, de photos envoyées au quotidien.

“Tous les matins, je me réveillais en me demandant si elle était toujours en vie”, confie-t-elle, selon des propos recueillis par Le Monde.

Fatima, de son côté, vivait par procuration les voyages de la cinéaste. 

“On avait un pacte. Je ne lui cachais rien de mes déplacements : Cannes, Montréal, Nancy… Et elle m’envoyait les images de son monde”, affirme-t-elle.

Un lien fragile, rendu incertain par les coupures de connexion, mais porteur d’un espoir commun : raconter autrement, par le regard d’une jeune femme du dedans, cette guerre qui tue les corps et les voix.

Une femme engagée

Au-delà de son travail journalistique, Fatima Hassouna s’impliquait activement dans des actions éducatives et humanitaires.

Dans une école transformée en centre d’accueil pour déplacés, elle organisait des ateliers d’écriture pour les enfants, tentant de recréer, à travers les mots, des bulles de protection face à l’horreur.

C’est là qu’elle a rencontré Moutaz, un jeune informaticien “au grand cœur”, dont elle allait partager la vie.

Fin décembre 2024, malgré les coupures de réseau et les conditions de vie précaires, elle attendait une meilleure connexion pour annoncer ses fiançailles à la réalisatrice.

“On a beaucoup ri, se souvient Sepideh Farsi. Elle m’a raconté les galères pour trouver une robe. Elle a fini par en dénicher une simple, blanc cassé, avec un peu de dentelle”.

Lorsqu’on lui demandait si elle avait peur de se rendre sur les lieux des frappes, Fatima répondait simplement : “Je n’y pense pas”. Elle savait le danger, l’acceptait comme faisant partie de sa mission. Elle voulait voyager, découvrir le monde. Mais elle revenait toujours à cette phrase : “Je veux retourner à Gaza”.

Le 16 avril, la barbarie israélienne a rattrapé son engagement, brisé ses espoirs. Pourtant Fatima Hassouna n’était ni combattante, ni bouclier humain. Elle était une journaliste, une passeuse d’images, une jeune femme engagée, tuée dans sa maison, entourée des siens.

Le film auquel elle participait vivra sans elle, devenu témoignage posthume. Ses photos, ses messages, sa voix continueront de résonner comme un acte de mémoire. En elle, Gaza avait une narratrice. Aujourd’hui, ce sont ses témoignages qui porteront son récit.


SOURCE:TRT français et agences
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