Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fustigé le deux poids, deux mesures de l'Occident face à la guerre israélienne contre Gaza, affirmant que son indignation sélective a sapé la crédibilité d'un ordre international prétendument fondé sur des principes et des règles.
Dans une tribune publiée sur la plateforme d'information Al Jazeera, basée à Doha, Erdogan a déploré l’approche ambivalente adoptée par les puissances occidentales à l'égard de Gaza tout en agissant précipitamment lors d'autres crises.
"Il est indéniable que si la sensibilité rapide et globale dont ont fait preuve les puissances occidentales face à la crise ukrainienne avait également été démontrée face aux atrocités commises à Gaza, le paysage auquel nous sommes confrontés aujourd'hui serait totalement différent", a-t-il déclaré.
En 679 jours, le génocide israélien à Gaza a tué près de 62 000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants. Israël a largué plus de 85 000 tonnes de bombes sur Gaza depuis octobre 2023, réduisant l’enclave entière en poussière. Un blocus humanitaire de plusieurs mois a provoqué une famine généralisée à Gaza, tuant au moins 239 personnes à ce jour.
"La capacité d’Israël à agir sans la moindre sanction a accéléré l’érosion du droit international et des normes relatives aux droits humains. La crise à Gaza constitue pour nous un test décisif quant à la volonté et à la capacité de la communauté internationale à défendre les valeurs humaines les plus fondamentales", a soutenu Erdogan.
Erdogan a également estimé que la tragédie humanitaire qui se déroule à Gaza n’est pas un simple conflit, mais doit être considérée comme une "catastrophe humanitaire croissante" qui blesse la conscience collective de l’humanité.
"J’ai ouvertement qualifié les attaques et la politique de punition collective d’Israël – menéers au mépris flagrant du droit international – de génocide", a-t-il rappelé.
Les bombardements israéliens ont rendu Gaza inhabitable. La quasi-totalité des habitations, hôpitaux, écoles et lieux de culte d'une population de 2,1 millions d'habitants ont été réduits en ruines, tandis que des services essentiels comme les soins de santé et l'électricité ont été complètement anéantis.
"La faim, la soif et la menace d'épidémies précipitent Gaza vers un effondrement humanitaire total… Ce tableau est non seulement le signe de la guerre, mais aussi le témoignage flagrant d'une politique d'anéantissement systématique", a-t-il regretté.
La clé de la paix : la solution à deux États
Erdogan a appelé à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, conduisant à l'ouverture de couloirs humanitaires pour garantir la libre distribution de nourriture, d'eau et d'aide médicale.
La Turquie est prête à jouer un rôle dans ce processus, a affirmé le président turc qui a également exigé que les crimes de guerre et les violations des droits humains fassent l'objet d'enquêtes devant la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice.
Il a ajouté que la reconstruction de Gaza ne doit pas se limiter à la reconstruction des structures détruites, mais doit évoluer vers un processus global garantissant les droits des Palestiniens à l'éducation, aux soins de santé, aux infrastructures, au développement économique et à la représentation politique.
Il a souligné que ce processus devait être mené avec la participation directe de la population locale et sous la supervision des Nations Unies et des organisations régionales.
"Le fondement d'une paix durable repose sur la reconnaissance d'un État de Palestine indépendant et souverain, dont l'intégrité territoriale serait préservée. Une solution à deux États est la seule clé de la paix et de la stabilité dans la région", a-t-il insisté.
Selon le président turc, les violences à Gaza menacent non seulement le peuple palestinien, mais aussi la stabilité de toute la région. Les tensions entre Israël et l'Iran accentuent le risque d'un conflit plus large, susceptible de perturber l'équilibre sécuritaire de la Méditerranée orientale au Golfe.
"L'aggravation de la crise fait peser de graves menaces sur la sécurité énergétique, telles que de nouvelles vagues de déplacements, une radicalisation accrue et des risques pour la sécurité", a-t-il mis en garde, soulignant que la crise de Gaza est une question d'importance stratégique pour la sécurité et la paix mondiales.
Il a également mis en avant la position résolue, cohérente et fondée sur des principes adoptée par Ankara pour mettre fin aux atrocités à Gaza. Faisant référence à la Présidence de la gestion des catastrophes et des urgences (AFAD), au Croissant-Rouge turc et aux organisations de la société civile, il a déclaré que les travailleurs humanitaires turcs travaillent activement sur le terrain malgré tous les obstacles.
"L'histoire témoigne de ceux qui ont agi et de ceux qui ont détourné le regard de la cruauté à Gaza. Gaza n'a pas de temps à perdre… L'avenir de l'humanité sera façonné par le courage des mesures que nous prenons aujourd'hui", a-t-il conclu.