AMÉRIQUE DU NORD
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Le CCFP, le lobby pro-israélien d'Hollywood, s'en prend à Kneecap
Le CCFP, lobby pro-israélien actif à Hollywood, continue d'amplifier les voix pro-israéliennes tout en ciblant les artistes et journalistes pro-palestiniens dans l'industrie du divertissement.
Le CCFP, le lobby pro-israélien d'Hollywood, s'en prend à Kneecap
Le CCFP est un lobby qui cible activement les artistes, les interprètes et les journalistes qui dénoncent l'agression israélienne. (Image : IA)) / Others
1 juillet 2025

Ces dernières années, la Communauté Créative pour la Paix (CCFP) est devenue un acteur de plus en plus influent dans l'industrie américaine du divertissement, s'appuyant sur ses connexions à Hollywood pour contrer les critiques envers Israël.

La CCFP se présente comme une organisation non partisane et pro-paix, composée d'artistes, de producteurs et de dirigeants, qui promeut "la liberté artistique et l'engagement constructif".

Depuis plusieurs mois, ce groupe pro-israélien mène une bataille contre Kneecap, groupe de hip-hop irlandais, qui fait l'objet de censure aux États-Unis et au Royaume-Uni pour ses critiques du génocide des Palestiniens par Israël.

Le CCFP a publié des photos montrant Mo Chara, membre de Kneecap, brandissant un drapeau du Hezbollah lors d'un concert, ce qui a valu à Chara des accusations de terrorisme au Royaume-Uni. Mo Chara, fervent défenseur de la Palestine, a déclaré ne pas avoir identifié le drapeau, qu’un spectateur lui aurait tendu.

Le CCFP est devenu une plateforme de lobbying bien organisée ciblant activement artistes,  interprètes et journalistes qui dénoncent l'agression israélienne, en vue de limiter leur visibilité ou discréditer leurs voix dans les médias occidentaux.

Voici un résumé de ses activités.

La campagne pour les Emmy Awards de Bisan Owda

L'un des événements les plus médiatisés de 2024 a eu lieu lorsque Bisan Owda, une journaliste palestinienne de Gaza de 25 ans, a été nominée aux Emmy Awards pour son documentaire “It’s Bisan From Gaza and I’m Still Alive”, retraçant la vie quotidienne sous les bombardements israéliens".

Peu après l'annonce de sa nomination, le CCFP a lancé une campagne de disqualification, alléguant des liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe classé terroriste par les États-Unis.

L'organisation a diffusé une lettre signée par plus de 150 personnalités de l'industrie du divertissement, dont Selma Blair et Sherry Lansing, exhortant l'Académie nationale des arts et des sciences de la télévision à révoquer sa nomination.

Cependant, après un examen interne, l'Académie a maintenu sa décision, n'ayant trouvé aucune preuve de liens extrémistes actuels. Bisan Owda a ensuite remporté l'Emmy, mais cet épisode a marqué un tournant dans les efforts de la CCFP pour influencer les institutions culturelles.

Chant à Glastonbury : Révocation du visa de Bob Vylan

Samedi, le duo punk-rap britannique Bob Vylan a été la dernière cible de retombées culturelles et politiques après avoir scandé sur scène : "Libre, libre Palestine" et "Mort à Tsahal" au festival de Glastonbury, lors d'un concert pro-palestinien.

Quelques jours plus tard, alors que le gouvernement américain révoquait leurs visas, invoquant une glorification de la violence, les critiques ont souligné la mobilisation rapide en ligne de groupes comme le CCFP et d'autres plateformes de défense d'Israël.

Bien qu'aucune preuve de lobbying direct du CCFP n'ait été confirmé dans cette affaire, l'organisation a rapidement dénoncé publiquement l'acte comme un "discours de haine antisémite" et a exhorté les plateformes et les festivals à agir – une pratique courante lors de ses précédentes campagnes.

La BBC a ensuite retiré la performance de l'artiste de ses archives, le groupe a été renvoyé par son agence artistique américaine et une enquête criminelle a été ouverte au Royaume-Uni.

Du boycott culturel aux carrières brisées : un guide stratégique

Le CCFP a été créé en 2011 pour contrer directement le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), qui avait pris de l'ampleur en exhortant les artistes internationaux à annuler leurs concerts en Israël.

À ses débuts, le groupe s'est concentré sur la mobilisation de soutiens pour des artistes comme Madonna, Radiohead et Nick Cave, qui ont rejeté les appels au boycott et maintenu leurs concerts à Tel-Aviv.

Mais depuis, sa stratégie a progressivement évoluée pour devenir un effort plus large visant à contrer et discréditer les voix critiques à l'égard des politiques du gouvernement israélien, notamment au sein des industries du divertissement et des médias.

Cela comprend désormais des lettres ouvertes et des campagnes de signatures contre les films, les émissions de télévision ou les intervenants qu'ils considèrent comme hostiles à Israël.

Il fait également pression sur les réseaux sociaux pour influencer les organisateurs d'événements, les programmateurs de festivals et les jurys de prix, et mène un lobbying discret auprès des dirigeants, publicistes et organisateurs d’événements afin de décourager le soutien professionnel aux défenseurs palestiniens les plus engagés.

Ce faisant, le CCFP s'est positionné non seulement comme un défenseur d'Israël dans la sphère culturelle, mais aussi comme un acteur puissant capable de déterminer quelles voix sont amplifiées et lesquelles sont marginalisées au sein des industries créatives.

Le contrecoup

Les critiques du CCFP, notamment les organisations de défense des droits humains et les groupes de défense pro-palestiniens, affirment que ses campagnes brouillent volontairement la frontière entre la lutte contre l'antisémitisme et la répression de la dissidence politique légitime.

Ils avertissent notamment que le fait d'assimiler la critique de l'armée israélienne à un discours de haine peut être utilisé pour étouffer complètement les perspectives palestiniennes.

Alors que la crise humanitaire à Gaza se poursuit et que l'inquiétude internationale grandit face à l'agression militaire israélienne, la bataille pour le discours public se joue de plus en plus non seulement dans les gros titres, mais aussi sur les tapis rouges, sur les scènes de festivals et lors des cérémonies de remise de prix. Et au cœur de cette lutte se trouve le CCFP, qui assure le contrôle culturel en faveur d'Israël.


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