Le Conseil fédéral espère encore relancer des négociations avec l’administration Trump. La présidente de la Confédération Keller-Sutter a résumé la position du gouvernement helvétique en conférence de presse: “Nous voulons une relation encadrée avec les États-Unis. C’est un partenaire commercial important. Mais pas à n’importe quel prix”.
La Confédération essaie malgré tout de calmer le jeu en achetant du matériel militaire américain, ce qu’elle fait depuis des décennies. Le ministre suisse de la Défense, Martin Pfister, a annoncé dimanche qu'il était "ouvert" à l'idée de passer de nouvelles commandes d'armes auprès des États-Unis. La Suisse pourrait aussi donner l’accès à son marché agricole ou acheter du gaz liquéfié mais l’opinion publique suisse pourrait ne pas accepter de telles mesures.
Annoncés le 1er août, jour de la Fête nationale suisse, les “tarifs” américains sont vécus comme une punition par les Suisses. Le choc tarifaire est bien sûr économique mais il est également politique. Berne s’est pourtant toujours considérée comme une “République soeur” des Etats-Unis.
Au-delà de l’échec des négociations et des vives critiques à l’encontre de la présidente de la Confédération, c’est le modèle helvétique qui est remis en question. L’isolement au nom de la neutralité est un logiciel dépassé selon certains.
Les droits de douane plongent l’Union démocratique du centre (UDC), le premier parti du pays, dans l’embarras. Plusieurs de ses figures de proue ont exprimé par le passé leur admiration pour Donald Trump et plaidé pour un rapprochement économique avec les États-Unis, dans le but de réduire la dépendance commerciale de la Suisse vis-à-vis de l’UE.
En conséquence, ces nouveaux tarifs douaniers relancent les discussions sur un rapprochement du pays avec l’Union européenne. La Confédération a signé des accords bilatéraux avec Bruxelles mais a toujours refusé de devenir membre au nom de la neutralité helvétique.
Aujourd’hui, la gauche traditionnellement pro-Europe revient à la charge. Pour les socialistes, la réponse est évidente: un rapprochement avec l’Union européenne (UE) est prioritaire. La présidente des Verts, Lizza Mazzone, estime que “le Conseil fédéral doit réagir en instaurant une taxe numérique pour les groupes américains de la tech et en renonçant à l’achat des F-35”.
Le débat européen est en tout cas relancé d’autant que les Suisses doivent se prononcer l’année prochaine sur un nouveau paquet d’accords avec l’Union européenne qui concerne la santé, la sécurité alimentaire et la mise en réseau des réseaux électriques.

Pourquoi le petit pays alpin est si lourdement taxé par Washington ?
La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a expliqué que selon le président américain, la Suisse "vole" de l’argent aux Etats-Unis, affirmation qu’elle rejette et juge "absurde".
Le Président américain fait un calcul simple. La balance commerciale Etats-Unis-Suisse est déficitaire de 40 milliards de francs suisses, Donald Trump a donc décidé une taxe de 39%. L’administration Trump ne prend pas en compte les services, si on le fait, la balance commerciale est alors quasi équilibrée.
Des secteurs clés de l’économie suisse sont impactés car l’économie de ce petit pays alpin est tournée vers l’exportation. L'horlogerie, les machines industrielles, mais aussi le chocolat et le fromage sont les principaux produits touchés.
Certains produits sont pour l’instant exemptés, comme les semi-conducteurs, l’électronique grand public, l’or et les produits pharmaceutiques mais Donald Trump a promis de sévir dans ce dernier secteur avec des taxes allant jusqu'à 250%.
En 2024, les États-Unis ont représenté 13% du total des exportations suisses, ce qui en fait le deuxième marché du pays.