Un homme de 46 ans est décédé. Quelques jours plus tôt, il participait avec deux de ses acolytes à une performance diffusée en direct sur Kick et cette performance durait plusieurs jours. Le concept était glaçant : il se laissait frapper et humilier, tandis que les spectateurs connectés pouvaient gonfler la cagnotte au fil du spectacle, à mesure que le show leur “plaisait”.
Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique, a dénoncé sur le réseau X “une horreur absolue” et indiqué avoir saisi l’Arcom. Le Parquet de Nice a annoncé l’ouverture d’une enquête et qu’une autopsie aurait lieu jeudi. Jean Pormanove est décédé en direct sur Kick, endormi dans une couette, ses acolytes ne se sont rendus compte que tardivement qu’il était inanimé.
Des violences consenties, plaident l’avocat des streameurs
L’affaire est sidérante. On croyait avoir tout vu avec ces influenceurs qui exposent leur vie familiale ou intime pour vendre gadgets et produits miracles, voir l’eau de leur bain. Cette fois, la dérive va bien plus loin : une personne a accepté d’être violenté et humiliée à plusieurs reprises face caméra, sans que la plateforme ne régule aucun contenu.
Kick est une plateforme australienne, créée en 2022, grande concurrente du leader mondial du live streaming, Twitch. Comme sa concurrente, elle diffuse des directs dans lesquels les utilisateurs peuvent commenter via un chat mais elle se distingue par une rémunération plus avantageuse pour ses influenceurs. Son argument principal lors de sa création était en effet d’autoriser les directs accompagnés de cagnottes et d’admettre des contenus hors normes.
Dans une enquête de décembre 2024, Mediapart révélait que Kick ne modère que très peu ce qui est diffusé et que la plateforme attire de nombreux streamers bannis de Twitch pour avoir proféré des messages misogynes ou racistes.
Dans son article, le quotidien en ligne citait justement la chaîne “Jeanpormanove”, suivie alors par 160 000 abonnés et jusqu’à 15 000 spectateurs. Chaque soir, JP se soumettait à des actes violents comme des strangulations ou des jets de peinture.

Une plateforme au parfum de scandale
La plateforme s’est retrouvée dans le collimateur des autorités de contrôle de plusieurs pays car elle promet une totale liberté à ses streamers, accueillant des personnalités bannies de Twitch comme une streameuse américaine suspendue de Twitch pour des vidéos jugées trop “sexuelles”, ou encore un influenceur pro-Trump coutumier des menaces racistes et des théories complotistes farfelues.
Inévitablement, cela a conduit à des scandales comme en Australie, en octobre 2023, lorsque deux influenceurs ont diffusé leurs relations sexuelles avec une prostituée en direct sur le réseau, l’empêchant de quitter la pièce lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle était filmée.
Touristes en Australie, les deux hommes commençaient chaque direct avec zéro dollars et la cagnotte en ligne se remplissait à mesure qu'ils étaient reconnus dans la rue ou qu’ils relevaient des défis.
En mai 2024, Kick France a annoncé devoir se conformer aux exigences réglementaires propres aux communautés francophones et interdire les streams de jeux d’argent. Pourtant, dans les faits, cette décision n’a pas entraîné de véritable régulation des pratiques sur la plateforme.