Il y a depuis des mois des alertes, des mises en garde, des appels des ONG, de la communauté internationale à laisser entrer la nourriture à Gaza. Israël qui a bloqué partiellement ou totalement depuis le 2 mars l’entrée de l’aide humanitaire a toujours nié la réalité de cette famine qui s’est installée.
Ce vendredi, les Nations unies ont déclaré l’état de famine à Gaza, la première fois qu’une telle situation existe au Moyen-Orient. 500.000 personnes sont dans un état "catastrophique", c’est-à-dire un quart de la population Gazaouis, selon les experts de l’ONU.
Les experts de l’ONU utilisent un cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) pour estimer l’état sanitaire des populations. L’IPC, un organisme de l'ONU basé à Rome, a confirmé qu'une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza au nord et qu'elle devrait s'étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah et Khan Younès d'ici fin septembre.
Comme d’habitude, Israël accuse et dément. Il rejette le rapport IPC comme biaisé, "fondé sur les mensonges du Hamas"
Une famine cyniquement orchestrée par Israël
Cette famine a été orchestrée pour des raisons politiques par Israël qui a bloqué l’aide humanitaire, y compris les médicaments et même les anti-douleurs, depuis le début du mois de mars. . Depuis des semaines, des enfants, des vieillards meurent de faim. Plus de deux millions de personnes ne peuvent se nourrir normalement, le nord de Gaza a particulièrement souffert car les opérations militaires y ont été quasi permanentes et la nouvelle fondation humanitaire pour Gaza créée par Israël et les Etats-unis n’y opère pas. Depuis mai, Israël a remplacé 400 points de distribution de nourriture gérés par l’ONU par quatre hangars situés dans le sud de l’enclave.
La famine de Gaza "doit tous nous hanter", s’est indigné le chef des opérations humanitaires de l'ONU. Tom Fletcher avait le ton grave ce vendredi matin. Le responsable de la coordination des affaires humanitaire des Nations unies, a insisté sur le fait que cette famine aurait pu être évitée sans "l'obstruction systématique d'Israël"
"C'est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l'avait permis. Pourtant, la nourriture s'accumule aux frontières en raison de l'obstruction systématique d'Israël", a dénoncé Tom Fletcher lors d'un point de presse à Genève, ajoutant que "cette famine va et doit nous hanter tous".
Le chef des droits humains des Nations unies, Volker Türk a rappelé vendredi qu' "affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre. “
"Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité", a lancé pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate de tous les otages et d'un accès humanitaire total et sans entrave", a-t-il martelé.
En début de mois, plusieurs pays européens et arabes ont effectué des largages de vivres sur Gaza après qu’Israël a décidé de lâcher un peu de lest. Ces parachutages ont été critiqués car dangereux, plusieurs personnes sont mortes écrasées par les paquets. Les ONG qui travaillent à Gaza ont également dénoncé le fait que cette nourriture n’atteignait pas les plus faibles, les personnes déjà largement dénutries. Au sud de l’enclave, du côté égyptien, des centaines de tonnes d’aide humanitaire attendent de pouvoir être distribuées dans Gaza. Israël interdit l’entrée de l’aide ou refuse d’assurer la sécurité des camions des ONG dans une logique d’obstruction permanente.