MOYEN-ORIENT
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Gaza: Matthew Miller admet que Netanyahu, et non le Hamas, a saboté les accords de trêve
L’ancien porte-parole du département d’État américain a reconnu que Benjamin Netanyahu avait à plusieurs reprises saboté des accords de trêve acceptés par le Hamas, affirmant à des responsables américains vouloir mener “des décennies de guerre”.
Gaza: Matthew Miller admet que Netanyahu, et non le Hamas, a saboté les accords de trêve
"Nous étions si proches d’un accord qui aurait pu permettre le retour des otages et, peut-être, mettre fin à la guerre”, a confié Miller. / AP
il y a 4 heures

Dans une interview exclusive accordée à la chaîne israélienne Channel 13, Matthew Miller a révélé que Netanyahu avait délibérément fait échouer les efforts pour obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza.

Miller, ancien porte-parole du département d’État sous la direction d’Antony Blinken, a souligné que Washington avait envisagé d’affirmer publiquement Netanyahu d’être “totalement intransigeant”, mais y a renoncé par crainte que le Hamas n’exploite une division entre les États-Unis et Israël.

“Nous voulions adopter un ton très ferme à l’égard du gouvernement israélien à huis clos, mais nous ne voulions rien faire qui complique la conclusion d’un accord”, a-t-il expliqué.

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Il a évoqué un épisode d’avril 2024, lorsque les États-Unis avaient poussé le Hamas à accepter une trêve de six semaines susceptible de retarder l’invasion israélienne de Rafah. Dans le même temps, Netanyahu avait déclaré qu’Israël entrerait à Rafah “qu’il y ait un cessez-le-feu ou non”.

“Vous pouvez imaginer à quel point cela a rendu la conclusion d’un accord beaucoup plus difficile… cela supprimait la principale motivation du Hamas pour accepter”, a ajouté Miller.

“Nous étions si près d’obtenir un accord”

En mai, le président américain Joe Biden avait dévoilé publiquement les détails d’un accord préliminaire, quelques heures après que Netanyahu l’eut approuvé, espérant ainsi empêcher le Premier ministre israélien de revenir en arrière.

Mais des responsables israéliens avaient ensuite fait fuiter des accusations selon lesquelles Biden aurait déformé la position de Netanyahu, ce qui a bloqué l’élan diplomatique.

En juillet, le Hamas avait répondu favorablement aux propositions américaines. Netanyahu a alors attendu près d’un mois avant d’exiger que l’armée israélienne reste déployée dans le corridor de Philadelphie (axe Salah al-Din), à la frontière entre Gaza et l’Égypte.

Des responsables américains ont qualifié cette décision de “plus grand coup porté” aux négociations, provoquant l’effondrement des pourparlers presque conclus.

“C’était conforme au schéma que nous avons observé pendant des mois. Les Israéliens cherchaient toujours des moyens d’ajouter des conditions ou de rendre les termes plus difficiles. C’était peut-être le plus frustrant, parce que nous étions si proches d’un accord qui aurait pu permettre le retour des otages et, peut-être, mettre fin à la guerre une bonne fois pour toutes”, a confié Miller.

Channel 13 a également révélé qu’à la fin de 2024, Netanyahu avait enterré une proposition décisive du Shin Bet, préférant temporiser jusqu’à un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

“Une guerre pour des décennies”

Miller a rapporté que Blinken avait mis en garde le cabinet de guerre israélien, dès le début du conflit, contre l’absence de plan post-guerre, qui risquait d’engendrer une insurrection permanente à Gaza, une instabilité en Cisjordanie occupée et l’effondrement de la normalisation avec les pays arabes.

Netanyahu aurait répondu : “Vous avez raison. Nous allons mener cette guerre pendant des décennies. C’est comme ça que ça a toujours été. C’est comme ça que ça sera”.

Ces révélations surviennent alors que Gaza est ravagée par une famine déclarée officiellement par l’ONU, avec plus d’un demi-million de personnes affamées.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré que le blocus israélien et l’entrave à l’aide humanitaire constituent “l’utilisation de la famine comme méthode de guerre”, ce qui pourrait constituer un crime de guerre.

Israël est accusé de génocide à Gaza depuis octobre 2023. Plus de 62 300 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués, et environ 11 000 autres sont portés disparus sous les décombres, selon l’agence palestinienne WAFA. Des experts estiment toutefois que le nombre réel de morts pourrait approcher les 200 000.

La Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt en novembre dernier contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël fait également face à une plainte pour génocide devant la Cour internationale de Justice.

Les États-Unis, eux, continuent de fournir à leur allié israélien 3,8 milliards de dollars d’aide militaire chaque année.

SOURCE:TRT français et agences
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