Le président français Emmanuel Macron a adressé une réponse de six pages, sans doute pesées et sous-pesées, à Benyamin Netanyahu, une semaine après que ce dernier s’était fendu d’une lettre pleine de morgue arguant que la reconnaissance d’un État de Palestine allait provoquer une montée de l’antisémitisme en France.
La lettre commence par un reproche : celle du Premier ministre israélien a été rendue publique avant même qu’Emmanuel Macron ne la reçoive. Le Président français rend la sienne publique après que le gouvernement israélien a reçu la missive, “c’est là l’élémentaire courtoisie”.
Le chef de l’État français balaie les accusations d’inaction face à des gestes d’antisémitisme, et rappelle toutes les mesures prises, soulignant qu’un conflit qui n’est pas celui des Français pèse sur la communauté nationale”.
Viennent ensuite quelques mises au point qui peuvent se résumer ainsi : Israël ne peut se dédouaner des conséquences du conflit à Gaza, dont il porte la responsabilité.
Emmanuel Macron défend également la décision de la France de reconnaître un État de Palestine, la seule voie possible vers un retour à la paix dans la région, selon le président français.
Un État palestinien pour assurer l’avenir d’Israël
Mais le ton est sec et rappelle à Israël ses responsabilités. Concernant la décision française d’inciter plusieurs pays à reconnaître un État palestinien, Emmanuel Macron s’explique : “Cet engagement est inédit. Il résulte de notre indignation face à un désastre humanitaire épouvantable à Gaza que rien ne saurait justifier.”
Et d’ajouter : “L’occupation de Gaza, le déplacement par la force des Palestiniens, leur réduction à la famine, la déshumanisation haineuse des discours, l’annexion de la Cisjordanie, n’offriront jamais une victoire à Israël.” Voilà qui est dit et tranche avec le ton conciliant de la France envers Israël depuis le 7 octobre 2023.
Cette lettre prend des allures de leçon de diplomatie et invite le Premier ministre israélien à reconsidérer sa politique en Palestine, au nom de la paix et du respect du droit international. Mais Emmanuel Macron semble ignorer ou feint d’ignorer – les projets religieux et coloniaux du gouvernement Netanyahu, qui a récemment réaffirmé vouloir construire le “Grand Israël”, un projet dans lequel les Palestiniens n’ont pas leur place.
Soutenus par les États-Unis, Ies dirigeants israéliens sont peu susceptibles de suivre cet appel à la diplomatie et au respect des plus faibles.
La lettre du président français se termine par un appel à la raison : “Je vous appelle solennellement à sortir de la fuite en avant meurtrière et illégale d’une guerre permanente à Gaza qui expose votre pays à l’indignité et votre peuple à une impasse, à cesser l’illégale et injustifiable recolonisation de la Cisjordanie et à saisir la main tendue des partenaires internationaux disposés à travailler à un avenir de paix, de sécurité et de prospérité pour Israël et la région.”