“Dans l’espace public, peu à peu, nous souhaitons le faire reculer”, a déclaré Julien Odoul au cours de cette interview. Et “à terme (…) nous souhaitons que le voile puisse être effacé de notre société”, a-t-il ajouté.
Les arguments avancés sont toujours les mêmes : il s’agit d’un signe d’infériorisation de la femme et c’est un “outil de revendication de d’islamisme”.
L’élu député du Nord commentait les débats qui ont eu lieu la semaine dernière autour du port du voile dans le sport. Le gouvernement Bayrou s’est divisé sur la question, la ministre des Sports et la ministre de l’Education, n’étant pas convaincues par cette mesure, se sont vues qualifiées de “naïves” par Gérald Darmanin, le ministre de la Justice qui soutient la proposition des sénateurs.
Finalement, le Premier ministre Bayrou a suivi son ministre de la Justice et une proposition de loi interdisant le port du voile dans les compétitions sportives professionnelles et amateures a été adoptée dans les “meilleurs délais”.
Mercredi, le patron du RN, Jordan Bardella, avait affirmé sur RMC que l’interdiction du voile dans la rue était “un objectif à terme”, mais, avait-il ajouté, “ça ne se fait pas du jour au lendemain”.
Un dévoiement de la loi de 1905 sur la laïcité
Les deux arguments avancés par l’élu RN sont fallacieux. Imposer un choix politique aux femmes musulmanes et ne pas respecter leur droit à pratiquer leur religion ne relèvent ni du féminisme ni de défense de la femme.
Quant à la confusion délibérée entre islam et “islamisme”, elle est de coutume dans les partis d’extrême droite et est porteuse parmi une population qui ne connaît pas la religion musulmane.
Pour le sociologue et philosophe Raphaël Liogier qui s’exprimait dans les colonnes du journal Le Monde du 20 mars, ce débat est un moyen de stigmatiser les musulmans de France. La loi “a été faite pour étendre les droits, pas pour les limiter. Les religions sont censées pouvoir s’exprimer dans l’espace public. Là, il s’agit simplement de créer un texte pour pouvoir continuer à dire : Les musulmans contreviennent à la loi. Sans compter que la pratique du sport constitue en soi une opposition à la pratique rigoriste de l’islam”. La France inscrit également dans sa constitution de 1958 le respect de toutes les croyances.
