Le groupe de rap irlandais Kneecap a réitéré dimanche soir ses critiques de la guerre menée par Israël à Gaza lors d’un concert en région parisienne, malgré l’opposition de responsables politiques et d’organisations juives françaises.
Le spectacle, donné devant plusieurs milliers de personnes à Saint-Cloud, dans le cadre du festival Rock en Seine, a débuté vers 18h30. Selon le groupe, un petit groupe de “sionistes” aurait tenté d’interrompre le lancement du concert en sifflant, avant d’être évacué par la sécurité.
Sur scène, les trois rappeurs venus de Belfast ont scandé “Free, free Palestine !”, entraînant une foule enthousiaste où se mêlaient keffiehs et maillots de football irlandais.

Subventions retirées, polémique maintenue
Le maintien du groupe à l’affiche a conduit la municipalité de Saint-Cloud à retirer pour la première fois sa subvention de 40.000 euros au festival. La région Île-de-France a également décidé de suspendre son soutien financier à l’édition 2025. Une sanction symbolique, Rock en Seine disposant d’un budget estimé entre 16 et 17 millions d’euros cette année.
“Nous sommes confiants que le groupe respectera les règles”, avait assuré en amont Matthieu Ducos, directeur du festival.
Kneecap est connu pour son engagement en faveur de la cause palestinienne, ses critiques virulentes contre Israël mais aussi pour ses positions républicaines irlandaises. Leur nom fait référence aux “kneecappings”, ces tirs punitifs dans les jambes pratiqués par les républicains irlandais durant les Troubles en Irlande du Nord.
En mai, Liam O’Hanna (alias Mo Chara, 27 ans) a été inculpé en Angleterre pour avoir brandi un drapeau du Hezbollah lors d’un concert à Londres. En juin, le groupe avait déjà provoqué la controverse à Glastonbury, où Mo Chara avait déclaré sur scène : “Israël est un criminel de guerre”. Plus récemment, ils ont été interdits d’entrée en Hongrie et n’ont pu se produire au festival Sziget de Budapest.
En France, ils avaient joué sans incident cet été aux Eurockéennes de Belfort et au Cabaret Vert à Charleville-Mézières.
Vives critiques en France
La prestation de dimanche intervient sur fond de vives critiques à l’encontre du groupe et des appels à interdire son concert.
Le président du CRIF, Yonathan Arfi, avait appelé à l’annulation du concert, accusant le groupe de “salir la mémoire des 50 Français tués par le Hamas le 7 octobre, ainsi que celle des victimes françaises du Hezbollah”.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait de son côté prévenu que la vigilance serait de mise face à “tout propos antisémite, toute apologie du terrorisme ou incitation à la haine”.