La nouvelle Fondation humanitaire pour Gaza (FHG), accusée d'aider Israël à atteindre ses objectifs militaires en contournant l'ONU et en excluant les Palestiniens, a démarré ses opérations mardi dans un centre de distribution d'aide humanitaire du sud de Gaza.
Des scènes chaotiques ont suivi, après que des milliers de Palestiniens se sont précipités vers le centre de Rafah, ont rapporté des journalistes de l'AFP et les autorités locales.
"Nous avons vu hier les images choquantes de personnes affamées se bousculant contre les clôtures, cherchant désespérément de la nourriture. C'était chaotique, indigne et dangereux", a dénoncé Philippe Lazzarini, directeur général de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), à Tokyo.
Cet incident est survenu quelques jours après l'assouplissement partiel du blocus humanitaire total imposé par Israël sur le territoire le 2 mars, qui a entraîné de graves pénuries de nourriture et de médicaments.
Coups de feu
Le ministère palestinien de la Santé à Gaza a déclaré qu'au moins une personne avait été tuée et 48 autres blessées lorsque les forces israéliennes ont ouvert le feu sur la foule qui envahissait un site d'aide humanitaire à Gaza.
Plus tôt, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) avait indiqué mercredi que de nombreuses personnes avaient été blessées mardi alors qu'elles tentaient de recevoir de l'aide alimentaire sur les sites de distribution gérés par la Fondation humanitaire pour Gaza.
"47 personnes ont été blessées par balles", a fait savoir Ajith Sunghay, chef du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, aux journalistes à Genève, citant des informations de partenaires sur le terrain.
Il a précisé que les tirs provenaient de l’armée israélienne.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) n'a pas pu préciser le lieu précis des blessés.
"Échec désastreux"
Les États-Unis, quant à eux, ont affirmé avoir distribué des centaines de milliers de paniers-repas aux Palestiniens "qui en ont désespérément besoin".
La porte-parole du département d'État américain, Tammy Bruce, a affirmé mardi que le groupe d'aide conjoint américano-israélien avait distribué 462 000 repas grâce à 8 000 paniers-repas.
Bruce a refusé de commenter les informations faisant état d'attaques de l'armée israélienne contre des Palestiniens qui ont pris d’assaut le centre de distribution d'aide de Rafah, dans le sud du pays, se concentrant plutôt sur les réalisations de la fondation en matière d'aide.
"Le plan de l'occupation israélienne pour la distribution d'aide dans la zone dite tampon a échoué lamentablement", a estimé Le bureau de presse du gouvernement palestinien à Gaza.
Risques pour les priorités humanitaires
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a de son côté averti que la distribution d'aide par la FHG risquait de détourner l'attention des priorités humanitaires urgentes à Gaza, telles qu'un accès durable, des conditions de sécurité et une approbation accélérée des fournitures d'urgence.
La fondation, créée en février, a été vivement critiquée par les Nations Unies, dont les responsables ont déclaré que ses plans de distribution d'aide ne feraient qu'encourager le déplacement forcé des Palestiniens et une recrudescence des violences.
Un Observatoire mondial de la faim a alerté sur le risque de famine pesant sur plus d'un demi-million de personnes, soit un quart de la population de Gaza.
Israël a fermé les points de passage de Gaza à l'aide alimentaire, médicale et humanitaire depuis le 2 mars, aggravant une crise humanitaire déjà aiguë dans l'enclave, qui touche les 2,4 millions d'habitants de Gaza.