Kick Français a présenté ses condoléances sur son compte X deux jours après la mort du streamer français. La société explique avoir banni, le temps de l’enquête, les comparses du streamer qui partageaient le direct avec lui, Naruto Vie et Safine, et annonce lancer une révision complète de ses contenus en français.
Ce message n’est pas du goût de nombreux internautes. Les commentaires vont des accusations d’hypocrisie au rappel des bénéfices réalisés par la plateforme avec les contenus de Jean Pormanove. L’influenceur était l’un des plus suivis sur Kick France.
Un internaute écrit ainsi : “Vous étiez parfaitement au courant, en effet des dirigeants de Kick France étaient régulièrement présents sur SON CONTENU (Lives, rediffs, clips, réseaux), pendant que ce pauvre homme subissait son CALVAIRE, au quotidien, tout au long de ces années !”.
L’indignation est aussi celle des élus qui découvrent les humiliations subies en direct par JP. Une enquête judiciaire a été ouverte pour "recherche des causes de la mort" et la ministre déléguée chargée du Numérique a alerté l’Arcom et le site de signalement Pharos qui examine les contenus et comportements illicites en ligne.
De nombreux élus ont demandé une plus grande sévérité vis-à-vis des plateformes numériques. Le député socialiste Arthur Delaporte, spécialiste des réseaux sociaux et président de la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs, estime, lui, que l’arsenal législatif est suffisant et qu’il doit surtout être appliqué. Il répète depuis lundi que l’Arcom ne dispose que de 23 personnes pour vérifier les contenus sur les réseaux, d’où des délais de traitement de plus de six mois.
Une enquête est en cours
Fausse tentative d’étranglement, jet de peinture ou d’eau, gifles, tout cela au nom de la “rigolade” pour faire le buzz et faire grimper la cagnotte en ligne. Lorsqu’il est décédé près de Nice, Raphaël était dans un direct qui durait depuis 12 jours.
Ces dérapages duraient depuis des années et étaient connus de la plateforme d’autant que plusieurs signalements avaient eu lieu avant ce drame auprès de l’Arcom notamment.
Kick doit normalement agir contre les contenus illicites et modérer les publications selon la loi pour la confiance dans l’économie numérique de 2004 et le règlement européen sur les directives numériques. Un hébergeur est responsable de ce qu’il diffuse.
Une enquête avait été ouverte le 16 décembre 2024 après la diffusion d'un article de Mediapart justement sur Kick et ses dérives.
En février 2024, la Ligue des droits de l’Homme avait saisi l’Arcom sur les pratiques de modération de l'entreprise australienne. Nathalie Tehio, sa présidente, regrette sur France Info que rien n’ait été fait avant le drame de lundi : "Il faut qu'il y ait intervention de la puissance publique pour faire respecter les textes qui existent déjà", a-t-elle réclamé mercredi.
L’avocate explique surtout que le consentement de la victime n’exclut pas le délit ou le crime : "En pénal, il n'y a pas de fait justificatif du consentement de la victime", comme le confirme l'arrêt du Conseil d'Etat du 27 octobre 1995 sur la protection de la dignité de la personne humaine dans l’affaire, "du lancer de nains”.
En d’autres termes, même si la victime exprime son consentement comme l’avait fait Pormanove en janvier 2025 devant les policiers après une audition, ce type d’acte est interdit en France.