FRANCE
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“Antisémitisme”: quand l’accusation de Netanyahu s’invite dans la politique française
La lettre adressée par Netanyahu à Emmanuel Macron, l’accusant d’”alimenter le feu antisémite”, dépasse largement le registre diplomatique et s’inscrit dans une stratégie politique où l’antisémitisme est utilisé comme outil de pression sur la France.
“Antisémitisme”: quand l’accusation de Netanyahu s’invite dans la politique française
Netanyahu a accusé Macron de nourrir la haine contre les Juifs, une accusation qualifiée d’“abjecte” par l’Élysée. / Reuters
il y a 4 heures

Israël ne cesse de multiplier les attaques contre la France. Ce mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé le président français Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les Juifs en envisageant de reconnaître l’État palestinien.

Pour Macron, cette accusation tombe à un moment délicat. Après avoir affiché sa solidarité avec Israël après le 7 octobre 2023, le président français a progressivement pris ses distances avec la stratégie génocidaire d’Israël à Gaza. 

L’annonce de la reconnaissance de l’État de Palestine en septembre visait à réaffirmer l’indépendance de la diplomatie française, mais l’accusation de Netanyahu le contraint à se justifier sur un autre terrain : celui de la sécurité des juifs de France.

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En rétorquant que l’analyse du Premier ministre israélien est “erronée”, l’Élysée tente de couper court à tout amalgame entre choix diplomatique et instrumentalisation de l’antisémitisme. 

L’influence israélienne sur la politique française n’est pas nouvelle, mais elle se déploie ici de manière particulièrement ostensible, voire “abjecte” pour reprendre l’Élysée. 

En imputant directement à Macron la responsabilité de la montée de l’antisémitisme, Netanyahu transforme un enjeu de sécurité intérieure en argument diplomatique, visant à dissuader Paris de reconnaître la Palestine. 

Le rôle des relais pro-israéliens, qu’ils soient institutionnels ou médiatiques, complexifie davantage le débat.

Netanyahu divise la société française

À gauche, l’accusation israélienne a produit un effet de convergence en rapprochant des forces souvent divisées sur la question. 

Mathilde Panot de La France insoumise a dénoncé une “instrumentalisation honteuse” de l’antisémitisme, assimilée à une “arme diplomatique” au service d’un “leader d’extrême droite”. 

Le Parti socialiste a adopté un ton similaire, par la voix de Chloé Ridel, affirmant que “l’antisémitisme est bien réel en France”, mais qu’il ne saurait être utilisé pour délégitimer la reconnaissance de la Palestine.

À droite et à l’extrême droite, si les leaders de partis ont préféré faire la sourde oreille quant aux accusations de Netanyahu, elles ont en revanche servi de levier dans des médias pro-israéliens comme Cnews, contre le président français qui est accusé de faiblesse et de laxisme face à la “menace antisémite” des supposés “relais du Hamas” en France.

Ainsi, ces relais médiatiques tentent d’influencer l’agenda politique en amplifiant les critiques contre Macron ou la gauche lorsque celles-ci se montrent critiques d’Israël.

De l’autre côté, le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France)  tente de minimiser la lettre scandaleuse de Netanyahu en dénonçant de “vaines polémiques”, tout en attirant l’attention à la montée de l’antisémitisme en France. 

L’instrumentalisation de l’antisémitisme par ces acteurs a pour but de neutraliser la critique d’Israël en la présentant comme une menace pour la communauté juive, ce qui rend toute discussion sur Gaza ou la Palestine politiquement sensible.

Par ailleurs, en dressant des lignes de fracture entre gauche, droite et extrême droite sur des enjeux diplomatiques qui devraient rester de compétence de l’État, ces derniers ne font qu’amplifier le clivage politique en France.

En voulant empêcher la France de franchir le pas diplomatique vers la Palestine, Benjamin Netanyahu a exporté son combat politique en plein cœur de l’arène française.

Au final, sa sortie renforce la polarisation du débat français. À gauche, elle consolide une ligne critique à l’égard d’Israël tout en réaffirmant la nécessité de lutter contre l’antisémitisme. À droite et à l’extrême droite, elle alimente le discours sécuritaire et les attaques contre Macron, accusé tantôt de faiblesse, tantôt d’ambiguïté.

SOURCE:TRT Français
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