C’est un scénario auquel nous avons assisté en décembre 2024 avec le gouvernement Barnier, et qui s’est reproduit lors de l’arrivée de François Bayrou à Matignon et son discours de politique générale en janvier 2025. Il s’agissait alors de consulter tous les partis présents à l’Assemblée pour tenter de dégager une majorité ou, au minimum, un engagement de non-censure permettant de s’assurer une majorité de travail.
Mais cette fois les dés semblent jetés. La France Insoumise et les Écologistes ont refusé l’invitation du chef du gouvernement. L’extrême droite et le parti socialiste devraient bien faire le déplacement, mais tous deux ont martelé qu'ils voteraient la censure, rendant quasi inéluctable la chute de François Bayrou.
Ces consultations interviennent après une semaine durant laquelle le Premier ministre a communiqué tous azimuts, soit directement auprès des Français, lors d’une conférence de presse assez anxiogène sur les risques de surendettement, soit devant le syndicat CFDT ou encore devant le Medef, l’organisation patronale.
“Pour sortir de la malédiction immédiate de la dette”
Dimanche soir, François Bayrou s’est même payé le luxe d’apparaître en simultané sur quatre chaînes d’informations en continu à 20h00 (Franceinfo, CNews, BFMTV et LCI). Le discours est toujours le même, la France ne peut éviter des économies. François Bayrou a répété qu’il y avait péril en la demeure, avec une possible “explosion des taux d'intérêt” et une probable “dégradation de la note de la France”.
Cependant, le Premier ministre n’ouvre pas clairement la porte à des modifications substantielles sur son budget 2026. Il concède tout juste pouvoir envisager de supprimer un jour férié et non deux, comme prévu initialement.
Pour le reste, il maintient l’objectif des 44 milliards d’économies et les coupes qui vont avec : “c’est la marche pour qu’on sorte de la malédiction immédiate de la dette”, a-t-il affirmé avant de tempérer quelques minutes plus tard en déclarant que tout était discutable, sans plus de précision. Sa communication a donc navigué entre le message anxiogène et le geste conciliant, sans au final clarifier sa stratégie avant le 8 septembre.
François Bayrou a encore estimé ce dimanche que la "question" en jeu lors du vote de confiance envers son gouvernement, le 8 septembre, n'était pas "le destin du Premier ministre", mais celle du "destin de la France".
Bayrou doit “partir très vite”
Les réactions qui ont suivi son intervention n’ont pas été très tendres, faute de nouvelles annonces. La secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a qualifié l'interview de François Bayrou de "naufrage".
Olivier Faure, le secrétaire général du parti socialiste, se montre cinglant, jugeant l’interview “pathétique et crépusculaire”. Les commentaires du Premier ministre durant son interview sur le Parti socialiste y sont peut-être pour quelque chose. Il a en effet critiqué le budget alternatif du PS (32 milliards d’économies avec un impôt sur les hauts revenus) et a accusé Olivier Faure et son parti d’être mus par la seule envie de prendre sa place à Matignon.
"Il fait sa tournée d'adieu (...) Le seul mot que j'attends de lui maintenant, c'est de dire au revoir", a conclu le premier secrétaire du parti socialiste, dimanche soir.
À l’autre extrémité de l’échiquier politique, les déclarations vont dans le même sens. Le vice-président du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Laurent Jacobelli, a affirmé que François Bayrou devait "partir très vite".
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, estime lui qu’on atteint des “sommets de mépris”.
Le 8 septembre, François Bayrou semble avoir peu de chances de sauver son budget et son poste. Il se battra jusqu’au bout, a-t-il toutefois déclaré.