Si le ministre de l’Intérieur concède que l’exaspération peut légitimement s’exprimer, il estime que le principe même de bloquer le pays est "stupide".
Selon lui, la France n’a pas besoin d’un ralentissement supplémentaire, mais d’élan. Le ministre se montre convaincu qu’il ne s’agira pas d’un mouvement de grande ampleur, mais il reconnaît le risque "d’actions spectaculaires" de la part de groupes qu’il décrit comme issus de l’ultragauche, avec le soutien de la CGT.
Les services de renseignement évoquent pourtant la possibilité de 100.000 participants, sans certitude quant à la mobilisation réelle. Le flou reste entier, notamment sur l’implication plus large de la société civile, entre syndicats, collectifs lycéens et mouvements contestataires.
Ce 10 septembre n’est pas couvert par un appel intersyndical national. Certaines fédérations – comme la CGT chimie, la CGT commerce, Sud-Rail, Solidaires ou Sud Industrie – appellent bien à rejoindre le mouvement, mais d’autres centrales, comme la CFDT, FO ou l’Unsa, se concentrent sur la grande mobilisation unitaire prévue le 18 septembre.
Le 10 s’annonce donc comme une journée d’actions dispersées : blocages locaux, perturbations dans les transports et occupations symboliques.

Les déclarations de Retailleau relèvent donc d’un équilibre délicat : rassurer l’opinion en minimisant l’ampleur attendue, tout en préparant un encadrement policier renforcé face aux blocages.
La stratégie vise aussi à contenir le récit politique à quelques jours du vote de confiance de François Bayrou, prévu le 8 septembre.
Ce vote pèsera lourdement sur la lecture du 10 septembre : une éventuelle chute du gouvernement pourrait désamorcer une partie de la colère sociale, alors qu’un maintien fragile renforcerait la détermination des contestataires à occuper le terrain.
