Israël essuie de nombreuses condamnations internationales après l’annonce, jeudi, par le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite, de son intention d’approuver la construction de plus de 3 000 logements pour colons dans la zone E1, en Cisjordanie occupée.
Ce projet, situé entre Jérusalem-Est et la colonie illégale de Maale Adumim, couperait en deux un territoire destiné à un futur État palestinien. Smotrich a affirmé que le but était d’”enterrer définitivement l’idée d’un État palestinien”.

L'Autorité palestinienne basée à Ramallah en Cisjordanie a "condamné fermement" ce projet et "appelé à une intervention internationale et des sanctions pour arrêter sa mise en œuvre". "La construction dans la zone E1 est une continuation des plans d'occupation visant à anéantir toute possibilité d'établir l'Etat palestinien", a-t-elle affirmé.
L'ONU et l'Union européenne ont appelé Israël à ne pas réaliser le projet de construction qui couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien disposant d'une continuité territoriale.
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a estimé que cette décision “mettrait fin aux perspectives d’une solution à deux États”, tandis que la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a dénoncé une “violation du droit international”.
“Plan fatal”
A Berlin, soutien historique d'Israël, le ministère des Affaires étrangères a dit s'opposer "fermement" à la poursuite par Israël de son projet. "La construction de colonies viole" les résolutions "du Conseil de sécurité des Nations unies" et "complique une solution négociée à deux Etats", souligne la diplomatie allemande.
La diplomatie d'Arabie saoudite, à l'initiative avec la France d'une conférence internationale à l'ONU sur la solution à deux Etats, a pour sa part "condamné" le projet "dans les termes les plus forts", dans un communiqué sur X.
L'ONG israélienne anti-colonisation, La Paix maintenant, a dénoncé un "plan fatal pour toute chance d'une solution à deux Etats".
Israël détruit une école financée par la France
Le ministère français des Affaires étrangères a par ailleurs annoncé, ce vendredi, que les autorités israéliennes avaient démoli une école en construction dans le nord de la Cisjordanie occupée.
L’établissement, financé par l’Agence française de développement (AFD) en partenariat avec l’Union européenne, devait accueillir environ cent enfants palestiniens dans les prochaines semaines.
Paris “condamne fermement” cette démolition et affirme avoir demandé des comptes aux autorités israéliennes. Ce projet faisait partie du programme de développement rural de l’AFD.
Il s’agit du deuxième projet financé par l’AFD détruit en Cisjordanie occupée. Le ministère rappelle également la destruction, à Jérusalem-Est, du centre de l’Association Al-Bustan, soutenu par le Quai d’Orsay et par 21 collectivités locales françaises.
La diplomatie française estime que la poursuite de la politique de colonisation israélienne constitue “une violation grave du droit international” et qu’elle menace la perspective d’une solution à deux États.
Par ailleurs, en Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont mené plusieurs raids et arrestations dans la nuit de mercredi à jeudi.
À Jénine, deux Palestiniens ont été arrêtés après le siège d’un bâtiment près de l’hôpital Ibn Sina. Dans le village de Baqat al-Hatab, à l’est de Qalqilya, plusieurs membres de la famille d’un Palestinien ont été interpellés. À Qalqilya, des soldats israéliens ont tiré à balles réelles sur des jeunes lors d’un raid.
Parallèlement, des attaques de colons ont été signalées. À Atara, au nord de Ramallah, plusieurs véhicules palestiniens ont été incendiés. Une autre attaque a eu lieu dans le village de Susiya, au sud d’Hébron.
À Gaza, le ministère de la Santé a signalé 4 nouveaux décès liés à la faim au cours des dernières 24 heures, portant à 239 le nombre de Palestiniens morts de faim depuis le début de la guerre, dont 106 enfants.
Selon les hôpitaux de l’enclave, les forces israéliennes ont tué jeudi au moins 32 personnes à travers Gaza, dont 13 venues chercher de l’aide humanitaire.
Plus de 100 organisations humanitaires accusent Israël de bloquer l’entrée d’aides vitales à Gaza, entraînant l’accumulation de grandes quantités de matériel dans des entrepôts en Jordanie et en Égypte.
Depuis le 7 octobre 2023, au moins 61 776 Palestiniens ont été tués et 154 906 blessés à Gaza, selon le ministère de la Santé.