Les Etats-Unis ont officiellement tiré un trait, jeudi à minuit et une minute, sur des décennies de libre-échange, inaugurant un nouvel ordre mondial du commerce orchestré par le président Donald Trump. Désormais, les importations sont soumises à des droits de douane atteignant en moyenne 17,3 %, contre seulement 2 % en janvier.
Des hausses spectaculaires et une nouvelle cartographie du commerce mondial.
Appliquées à une soixantaine de partenaires commerciaux, ces surtaxes s’étendent désormais de 15 % à 41 %. Parmi les pays touchés : l’Union européenne, le Japon ou encore la Corée du Sud. Ces partenaires stratégiques devront désormais composer avec des hausses significatives, un coup dur pour les échanges transatlantiques et asiatiques.
Selon le Budget Lab de l’Université de Yale, le taux effectif moyen de droits de douane américain atteint aujourd’hui 18,4 %, un niveau jamais observé depuis 1933. Il pourrait frôler les 20 % dans les prochains mois, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics.
De nouvelles annonces sont d’ores et déjà prévues. Donald Trump a évoqué l’intention de taxer à hauteur de 100 % certains produits sensibles, notamment les médicaments et les semi-conducteurs, sans toutefois fournir de calendrier précis.
Une diplomatie commerciale sélective
Malgré les promesses de “dizaines d’accords commerciaux”, seuls sept accords ont été conclus, principalement avec l’UE, le Japon, le Royaume-Uni et d’autres alliés traditionnels. Le Mexique a, quant à lui, obtenu un répit : il bénéficie d’un sursis de 90 jours avant l’application des nouvelles taxes, conservant provisoirement le régime préférentiel de l’accord de libre-échange nord-américain (USMCA).
Le Canada, en revanche, a vu la surtaxe sur ses exportations grimper à 35 % au 1er août. Le Premier ministre canadien Mark Carney a tenté de minimiser l’impact, soulignant que plus de 85 % des exportations vers les États-Unis restaient exemptes.

Des tensions croissantes avec l’Inde et le Brésil
L’administration Trump a également imposé une surtaxe de 50 % au Brésil, officiellement en réaction aux poursuites judiciaires contre Jair Bolsonaro, fidèle allié de Trump. New Delhi, elle, doit affronter une première vague de droits de 25 %, qui grimperont à 50 % d’ici trois semaines, en raison de ses relations commerciales avec la Russie et d’un marché jugé trop fermé.
Face à cette offensive tarifaire, certains pays cherchent à se réorienter : le Brésil a saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et incite ses entreprises à diversifier leurs marchés ; le Canada et le Mexique, de leur côté, accélèrent leurs partenariats bilatéraux pour réduire leur dépendance à l’économie américaine.
Un pari risqué pour l’économie américaine
Si Donald Trump vante déjà les milliards de dollars générés par ces mesures, des voix s’élèvent pour alerter sur les conséquences économiques internes. L’inflation a progressé à 2,6 % en juin, et les analystes s’inquiètent d’un ralentissement de la croissance, anticipée à seulement 1 % au second semestre.
Ce virage protectionniste, inédit depuis les années 1930, pourrait bien redessiner l’architecture du commerce mondial – à condition que l’économie américaine résiste au choc de ses propres ambitions.