Selon Falk, les attaques génocidaires menées par Israël n’auraient pas pu se poursuivre sans cette complicité mondiale. S’exprimant lors du Genocide Tribunal, un événement de deux jours consacré aux crimes de guerre commis à Gaza et au “rôle du Royaume-Uni dans le génocide”, Falk a salué cette initiative.
Il a rappelé que le Gaza Tribunal, qu’il préside, est une autre démarche destinée à éveiller la société civile face à sa responsabilité et à sa capacité d’agir pour mettre fin au génocide. Le tribunal organisera sa session finale à Istanbul du 23 au 26 octobre.
“Pour la première fois, le Tribunal met l’accent sur la complicité d’un grand pays libéral et démocratique. Je ne saurais trop insister sur l’importance d’une telle initiative, car sans cette complicité, Israël n’aurait pas pu faire ce qu’il fait”, a-t-il souligné.

Falk a qualifié le Royaume-Uni de “gouvernement honteux”, et dénoncé Washington, qui continue “sans ambiguïté ni réserve” à apporter un soutien inconditionnel à Israël, allant au-delà de la complicité pour devenir “l’agent des politiques destructrices menées à Gaza”.
Évoquant la situation catastrophique dans l’enclave, il a rappelé que la population de Gaza était menacée de famine de masse, l’IPC (International Food Security Phase Classification) ayant officiellement déclaré une famine le mois dernier. “Si le monde attend encore, il aura attendu trop longtemps, et l’histoire retiendra l’échec face à la crise la plus saillante de notre temps”, a-t-il averti.
Il a également dénoncé la complicité diplomatique dont bénéficie Israël : “Traiter Israël comme un État normal est une forme de complicité diplomatique, compte tenu de la criminalité de ses actions et de son refus d’appliquer des décisions claires rendues par les plus hautes juridictions internationales”.
“Nier le génocide, c’est permettre qu’il se poursuive”
Eyal Weizman, directeur de l’agence de recherche londonienne Forensic Architecture, qui documente violences, guerres et violations des droits humains à travers l’analyse architecturale, a insisté sur le fait que le déni de génocide ouvre la voie au génocide.
Il a souligné que la destruction à Gaza était sans précédent et visait à éradiquer sous couvert de réorganisation, expliquant que toutes les traces en surface avaient été effacées.
De son côté, Neve Gordon, professeur de droit international et des droits humains à la Queen Mary University of London, a reproché au gouvernement britannique d’avoir fermé ses portes aux citoyens britanniques d’origine palestinienne souhaitant témoigner de leur vécu, tout en les laissant ouvertes aux Israéliens.
“Nier le génocide, c’est permettre qu’il se poursuive”, a-t-il ajouté, rappelant que le Royaume-Uni, en dépit de ses obligations juridiques, poursuivait ses ventes d’armes et son soutien en renseignement à Israël.
Enfin, Shahd Hammouri, universitaire palestinienne du département de droit international de l’Université de Kent, a déclaré que la Grande-Bretagne soutenait Israël en toute connaissance de cause, malgré les preuves du génocide.
Vendredi, le génocide à Gaza est entré dans son 700ᵉ jour. Selon les chiffres cités, au moins 64 300 Palestiniens ont été tués. La campagne militaire israélienne a dévasté l’enclave, désormais confrontée à la famine.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.