La journée d’aujourd’hui pourrait être décisive : l’armée israélienne sera-t-elle appelée à occuper totalement Gaza, comme l’exigent le Premier ministre Netanyahu et les éléments les plus extrémistes de son cabinet ?
Selon la presse, qui agite la perspective d'une occupation totale du territoire palestinien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit présider, ce jeudi même, en fin d'après-midi, une réunion du cabinet de sécurité, en charge des questions militaires.
Un arbitrage gouvernemental est attendu sur une nouvelle phase des opérations, qui suscite des réserves au sein de la hiérarchie militaire.
La presse israélienne se fait l’écho depuis plusieurs jours des réserves, voire de l’opposition du chef d’état-major à une extension des opérations de l’armée dans l’enclave palestinienne.
Citant des sources gouvernementales, la presse israélienne est unanime à prédire une extension des opérations militaires y compris dans les zones où pourraient être retenus les otages et dans les secteurs les plus densément peuplés.
Alors que Netanyahu a affirmé mardi qu'Israël devait vaincre "totalement" le Hamas et ramener les otages israéliens retenus à Gaza, les médias se font l'écho des réserves, voire de l'opposition du chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne a le droit “d’exprimer” son opinion sur la prochaine phase de la guerre dans Gaza, mais il devra “exécuter avec détermination” les décisions politiques du gouvernement, a mis en garde, mercredi, le ministre de la Défense israélien, à la veille d'un arbitrage gouvernemental attendu sur une nouvelle phase des opérations, qui suscite des réserves au sein de la hiérarchie militaire.
Selon la télévision publique Kan 11, il a alerté, au cours d'une réunion mardi, que l’occupation totale de Gaza pourrait constituer un "piège".
Selon le quotidien Maariv, le général Zamir a averti mardi "qu'une décision d'intensifier les combats pourrait entraîner la mort des otages encore en vie" et aurait réitéré "son opposition à une décision de conquérir entièrement la bande de Gaza", déjà occupée par Israël entre 1967 et 2005.
"C'est le droit et le devoir du chef d'état-major d'exprimer sa position dans les forums appropriés", a commenté le ministre de la Défense, Israël Katz.
"Mais après que des décisions sont prises par l'échelon politique, l'armée les exécutera avec détermination et professionnalisme (...) jusqu'à ce que les objectifs de la guerre soient atteints", a-t-il souligné sur X.
Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a indiqué avoir rencontré mercredi le Premier ministre et jugé qu'"occuper Gaza est une très mauvaise idée" sur "le plan opérationnel, moral et économique".
L'armée israélienne a appelé, mercredi, la population à évacuer deux quartiers de Khan Younès (sud), où elle va élargir "le champ de ses opérations de combat", ainsi que plusieurs blocs d'immeubles du quartier d'Al-Zaytoun de la ville de Gaza.
Au moins 17 morts depuis l’aube de jeudi
L'offensive israélienne sur Gaza s'est poursuivie jeudi matin, faisant au moins 17 morts dans des attaques menées dans l'enclave depuis l'aube, selon des sources médicales. La veille, au moins 44 Palestiniens ont été tués dans l'enclave, dont 18 personnes attendant de l'aide. Le nombre de personnes décédées de faim et de malnutrition s'élève à 193, avec cinq nouveaux décès liés à la faim confirmés ces derniers jours.
L'ONU a déclaré que le blocus israélien de Gaza mettait en danger imminent la vie de plus de 100 bébés prématurés, le manque de carburant entravant les opérations de sauvetage dans les hôpitaux.
Une responsable de Médecins sans frontières, Caroline Willemen, a décrit une situation humanitaire "dévastatrice" dans le territoire, où persiste "la crise de la faim".
Et "nous continuons de voir des patients se faire tirer dessus ou écraser sur les sites de distribution d'aide", a-t-elle ajouté sur les réseaux sociaux.
Depuis le début de l’offensive militaire israélienne à Gaza, le 8 octobre 2023, le gouvernement fait face à une pression croissante pour trouver une issue au conflit.
L'opinion israélienne s'alarme du sort des 49 otages toujours retenus à Gaza, dont 27 déclarés morts par l'armée, tandis qu'à l'international de plus en plus de voix s'élèvent face aux souffrances des plus de deux millions de Palestiniens, menacés de "famine généralisée" selon l'ONU.
Ces derniers jours, la pression a encore grandi sur le Premier ministre après la diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos montrant deux otages israéliens, Evyatar David et Rom Braslavski, très affaiblis et très amaigris, qui ont suscité colère et émotion en Israël et à l'étranger.
1,5% des terres agricoles de Gaza sont cultivables
Israël a assoupli, fin mai, le blocus humanitaire qu'il avait imposé, début mars, au territoire palestinien mais les quantités autorisées à entrer, par voie terrestre ou largages aériens, sont jugées insuffisantes par l'ONU.
Après 22 mois de guerre, seules 1,5% des terres agricoles de Gaza sont désormais cultivables, selon un nouveau bilan satellitaire de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) qui estime qu’il faut “inonder Gaza d’aide alimentaire et la faire parvenir quotidiennement pour éviter une famine massive”.
Du reste, la Slovénie a annoncé l'interdiction de toutes les importations en provenance des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée.
La guerre d'Israël contre Gaza a fait au moins 61 158 morts et 151 442 blessés, des femmes et des enfants pour la plupart. On estime que 1 139 personnes ont été tuées en Israël le 7 octobre 2023, et plus de 200 ont été prises en otage.
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