Les associations pro-palestiniennes attendaient beaucoup de la réunion de lundi à Bruxelles des 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. Fin mai, une majorité de pays membres avait réclamé la révision de l’accord d’association avec Israël, au regard de la situation à Gaza, des accusations de crimes de guerre et de génocide.
Un mois plus tard, aucune avancée concrète n’a été réalisée, et les pays membres sont encore plus divisés sur la question qu’en mai.
Au terme d’une journée de discussions, les 27 ministres ont reconnu qu’Israël violait l’article 2 de l’accord qui l’oblige à respecter les droits de l’homme. Pourtant, aucune sanction n’a été décidée : l’Union européenne se limite à demander à Israël d’améliorer la distribution de l’aide humanitaire et la situation humanitaire d’une manière générale.
"L'objectif n'est pas de punir Israël, mais d'apporter des améliorations concrètes à la population et à la vie des habitants de Gaza. C'est donc ce que nous essayons de faire maintenant", a assuré la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue de ce rendez-vous.
"Nous contacterons Israël pour lui présenter nos conclusions et voir comment nous pouvons améliorer la situation sur le terrain [en matière d'aide humanitaire]”, a-t-elle poursuivi, précisant que si la situation ne s’améliore pas, les ministres réexamineront cet accord en juillet.
Aucune mesure supplémentaire n’a été décidée pour stopper les attaques sur Gaza : ni sanctions commerciales, ni suspension des accords universitaires.

Pourquoi l’Union européenne ne fait rien ?
En d’autres termes, l’UE ne va pas suspendre l’accord d'association avec Israël. Et pourtant, un récent rapport de la Commission européenne montre qu'Israël "a violé l'article 2" de son accord avec l'Union européenne en matière de respect des droits de l'homme — une violation reconnue par Kaja Kallas. Le rapport mentionne également le blocus de l'aide humanitaire, le nombre élevé de victimes civiles à Gaza, les attaques contre les journalistes, les déplacements massifs et les destructions causées par la guerre parmi les possibles violations des droits de l'homme.
Pourquoi une telle pusillanimité de l’Union européenne ? Lors du débat au Parlement européen la semaine dernière sur le génocide à Gaza, Kaja Kallas avait déjà répondu aux députés que les 27 pays membres de l’UE étaient divisés. Et ce lundi, ils le sont encore plus.

L’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas continuent de privilégier la voie du dialogue avec Israël. Seul le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, a plaidé pour la suspension immédiate de l’accord d’association.
Un autre obstacle réside dans l’opposition de la présidente de la Commission européenne chargée des relations extérieures, Ursula von der Leyen, qui freine toute initiative allant dans le sens d'une suspension de l’accord.
La mobilisation citoyenne n’a, semble -t-il, pas perturbé les débats des ministres, malgré une manifestation européenne à Bruxelles ce lundi pour exiger la suspension de l’accord d’association.