La session d'automne des Chambres fédérales à Berne ne change rien à l’affaire. La Suisse ne souhaite pas se positionner sur le génocide à Gaza. A l'instar du Conseil des Etats, le National ne veut pas de sanctions contre Israël. Il enjoint toutefois au Conseil fédéral d'user de toute son influence pour garantir le respect du droit international humanitaire à Gaza.
Au terme d'un débat spécial sur Gaza, le National a partiellement adopté, ce jeudi, une motion socialiste. Il a rejeté la reprise des sanctions de l'UE contre les colons israéliens violents ou la suspension de l'accord de libre-échange avec Israël. Il a également balayé un texte exigeant une suspension de la coopération militaire avec Israël.
Plusieurs députés suisses ont pourtant rappelé la situation catastrophique à Gaza. Plus de 64.000 personnes sont mortes dont un tiers d'enfants. Cela représente une classe d'écoliers par jour, a avancé le socialiste zurichois, Fabian Molina (PS/ZH). Et d'ajouter qu'il ne suffit pas que le Conseil fédéral exprime son inquiétude, il faut que la Suisse augmente la pression sur Israël. “La Suisse est le seul pays européen à n’avoir pris de mesure concrète pour changer les actes d’Israël, “a-t-il déclaré lors de ce débat sur Gaza.

Le conseil des Etats refuse aussi de sanctionner Israël
Nicolas Walder, des Verts génévois a regretté que la Suisse poursuive sa collaboration avec la société israélienne Elbit, dont les armes sont utilisées dans les opérations à Gaza. “Cette coopération est un choix politique qui nous rend complices”, a t-il abondé.
Interpellé par plusieurs députés, le ministre suisse de l’Economie, Guy Parmelin, a répété que le Conseil fédéral a condamné à plusieurs reprises les violations du droit international humanitaire et poursuivra son engagement pour un cessez-le-feu.
Samuel Bendahan, co-président du Groupe socialiste aux Chambres fédérales a conclu ce débat par cette déclaration : “Par leur passivité, le Conseil fédéral et le Parlement refusent de prendre leurs responsabilités, et tolèrent ainsi les crimes de guerre perpétrés à Gaza”.
Mardi, le Conseil des Etats, la chambre des cantons, la seconde chambre fédérale a également refusé toute sanction contre Israël.
Dans la foulée, un journaliste et éditorialiste romand a pointé du doigt l’influence du conseiller fédéral chargé des Affaires étrangères qui, selon lui, a défendu Israël bec et ongles depuis deux années au détriment de la réputation de la Suisse.
Pascal Décaillet rappelle dans son blog que le conseiller fédéral Cassis est l’ancien vice-président d'un groupe d'amitié Suisse-Israël, il s'est toujours montré partisan de ce pays. “Face à l'ampleur du carnage commis à Gaza contre les Palestiniens, face à la famine, face à la destruction de tout un peuple, face au renouveau du colonialisme israélien sur l'ensemble des territoires palestiniens, y compris en Cisjordanie, Ignazio Cassis n'a opposé que le silence”.
L’éditorialiste regrette l’absence de politique arabe de la Suisse depuis l’arrivée de ce conseiller fédéral à la tête du département fédéral des Affaires étrangères. Ignazio Cassis n’est pas l’homme de la situation car il ternit l’image de la Confédération, estime le journaliste. “Son favoritisme pour Israël, qui massacre à Gaza, sa méconnaissance du monde arabe, des nécessités profondes du peuple palestinien, ne sont pas à la hauteur de la mission de paix, de dialogue et d'écoute de notre pays“, écrit-il.