POLITIQUE
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Sommet en Alaska: l’Ukraine inquiète d’une rencontre Trump-Poutine sans Zelensky
L’analyste ukrainien Maksym Skrypchenko estime que le président américain fera passer les intérêts des États-Unis en priorité, soulevant la crainte d’accords bilatéraux avec la Russie qui contournent l’Ukraine.
Sommet en Alaska: l’Ukraine inquiète d’une rencontre Trump-Poutine sans Zelensky
Poupées russes en bois représentant Vladimir Poutine et Donald Trump exposées dans une boutique de souvenirs à Moscou, Russie, le 12 août 2025. / AP
il y a 16 heures

Une nouvelle phase potentiellement décisive des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine s’ouvre vendredi, avec la rencontre en Alaska entre les présidents américain et russe Donald Trump et Vladimir Poutine – leur premier face-à-face depuis le début du conflit, il y a plus de trois ans. 

La réunion, organisée sur la base militaire conjointe Elmendorf-Richardson à Anchorage, marque également le premier entretien direct entre présidents américain et russe depuis juin 2021, lorsque Joe Biden avait rencontré Poutine à Genève. 

Trump et Poutine s’étaient rencontrés pour la dernière fois en 2019 à Osaka, en marge du G20.

Absent notable: le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Trump a indiqué qu’il pourrait l’appeler après la rencontre, selon ses résultats, mais le sommet se déroulera sans tiers, un format qui inquiète Kiev.

Cette réunion intervient après trois cycles de pourparlers directs entre Moscou et Kiev à Istanbul – les 16 mai, 2 juin et 23 juillet – ayant permis d’importants échanges de prisonniers et la rédaction de projets de mémorandums en vue d’un accord de paix futur.

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Cinq principes communs

En amont du sommet, Zelensky a mené une intense activité diplomatique avec les États-Unis et leurs alliés européens.

Lors d’une conférence de presse à Berlin avec le chancelier allemand Friedrich Merz, après une visioconférence avec Trump et des dirigeants européens, il a affirmé qu’ils s’étaient mis d’accord sur cinq principes pour mettre fin à la guerre, en commençant par un cessez-le-feu immédiat.

Kiev insiste sur le fait que des pourparlers substantiels avec Moscou ne peuvent débuter qu’après l’arrêt des hostilités.

Il a également souligné la nécessité de garanties de sécurité fiables, affirmant que Trump avait exprimé son soutien à ce sujet et la volonté américaine d’y contribuer.

Concernant les différends territoriaux, Zelensky a rappelé que la question devait être discutée “exclusivement avec l’Ukraine”, refusant tout retrait des forces ukrainiennes des zones sous contrôle russe. Il a aussi rejeté toute possibilité pour Moscou de bloquer les ambitions de Kiev vers l’OTAN ou l’UE.

Le président ukrainien plaide pour un format trilatéral Trump-Poutine-Zelensky et souhaite un renforcement des sanctions si la Russie refuse un cessez-le-feu à l’issue de l’Alaska.

Des attentes limitées à Kiev

Malgré cette préparation, les espoirs ukrainiens restent modestes. “L’Ukraine espère que cette rencontre puisse être un pas vers la paix, mais les attentes restent faibles”, explique Maksym Skrypchenko, président du think tank Transatlantic Dialogue Center à Kiev.

Il prévient que la stratégie de Poutine consiste à prolonger le conflit par des négociations sans fin pour retarder la pression sur Moscou, et appelle Trump à se méfier.

Selon lui, Trump fera passer les intérêts américains avant tout, ce qui pourrait mener à des accords bilatéraux avec la Russie, y compris sur des questions diplomatiques, économiques ou nucléaires.

“L’Ukraine n’est pas officiellement intégrée à ce canal – ce qui est une inquiétude majeure – mais reste étroitement liée aux dynamiques américano-russes”, ajoute-t-il, estimant que Trump veut agir en médiateur tout en évitant que l’Ukraine ne tombe.

Un rôle européen crucial

L’analyste insiste sur l’importance de l’UE, principale source d’aide financière et militaire pour Kiev.

“Le rôle de l’Europe est plus important que jamais. Même si Poutine la méprise, l’Europe doit être à la table des négociations : la guerre est à sa porte et elle en paie le prix” explique-t-il.

Bien que soucieux de ne pas être marginalisés, les Européens, à l’exception de la Hongrie, ont salué les efforts américains pour mettre fin au conflit. Ils rappellent toutefois qu’aucun accord ne doit compromettre la souveraineté de l’Ukraine ni la sécurité européenne.

Skrypchenko conclut que l’adhésion future de l’Ukraine à l’UE fait des discussions d’Alaska un enjeu direct pour les Européens, qui devront gérer la reconstruction, l’aide humanitaire et les défis liés aux réfugiés.

“L’UE apporte les fonds, les États-Unis les capacités militaires – les deux restent essentiels à la défense de l’Ukraine et à la sécurité de l’Europe”, résume-t-il.

SOURCE:TRT français et agences
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